Plastic Queens

Un documentaire deDaphné Turpin&Joséphine Duteuil

Boîtes en plastique et émancipation féminine en milieu capitaliste

Une création

deDaphné Turpin&Joséphine Duteuil

Date de publication

29 mai 2025

Enregistrements
mai et novembre 2024

Réalisation
Charlie Marcelet

Illustration
Jeanne Guérard

Production
ARTE Radio

« J’étais une folle ! Une malade ! Une malade de la vente. »

On ne pensait pas associer un jour boîtes en plastique et révolution. Et pourtant : à partir des années 1960, des milliers de Françaises sont sorties du carcan du foyer en devenant représentantes de l’enseigne américaine Tupperware, connue pour ses fameuses « réunions », jusqu’à sa mise en faillite toute récente annoncée à l’automne 2024.

Mais comment vendre des petites boîtes en plastique à des gens qui n’en ont pas besoin ? Josette a 82 ans. Josiane, 74. La première vit entre Paris et le plateau lunaire de l’Aubrac, l’autre en pleine campagne picarde. Elles ne se connaissent pas, mais leur histoire est la même : encore très jeunes filles, elles ont conquis leur liberté et amassé un sacré petit pactole en vendant des Tupperware à domicile.

Josette, vendeuse de Tupperware - copyright: Joséphine Duteuil, Daphné Turpin


Tupperware, c’est la splendeur des arts ménagers sauce après-guerre : simplicité, hygiène, couleurs, pétrole. Mais c’est surtout un système. La marque, lancée en 1946 aux États-Unis par le chimiste Earl Tupper, a révolutionné le monde du commerce en créant un réseau planétaire de vendeuses à domicile. Des femmes qui organisaient chez d’autres femmes des démonstrations dans l’espoir de remplir leur carnets de commandes certes, mais surtout de recruter de nouvelles vendeuses qui leur verseront ensuite un pourcentage sur chacune de leurs recettes.

En fait, un modèle de vente sans salariés ni boutiques, redoutablement lucratif pour ses créateurs, auquel des générations entières ont consacré leur vie pour finir, la plupart du temps, sans vraie protection sociale ni retraite. Un monde parallèle néolibéral avec ses rituels et son jargon, dans lequel certaines femmes comme Josiane et Josette ont trouvé une forme d’émancipation… sans jamais être tout à fait dupes du cynisme de cette exploitation.

Tupperware, c’est donc l’enfant mutant du féminisme et du capitalisme : selon le point de vue, c’est un rêve ou un cauchemar. Pour Josette et Josiane, c’était les deux. Et après une carrière de plus de 40 ans, elles n’ont pas peur de raconter pourquoi. Décryptage de l’intérieur du modèle Tupperware, qui a libéré des générations de femmes au foyer… tout en posant les bases d’une nouvelle forme d’exploitation.

Ressources :
- France 2, JT de 13h, 18 septembre 2024 ;
- France Info, "Tupperware en faillite : la fin des mythiques boites en plastique" ;
- Tupperware, in « C'est la vie », Antenne 2, 1978 (archive INA) ;
- Publicité Tupperware, 1972 :
- Congrès Tupperware, JT Pays de la Loire (édition du soir), France 3 Nantes, 24.08.1999 (archive INA) ;
- Flash mob du Jubilé 2018, Tupperware France Officiel ;
- Ludwig Van Beethoven, 5ème Symphonie en C Mineur.

Remerciements :
Merci à Josette, Josiane, leurs proches et leurs clientes mais aussi à Delphine Naudier, Catherine Achin et Marie-Pierre Pouly.

Vous aimerez aussi

Ma grand-mère est accro aux Sims

Un documentaire deDiane Sprimont

À 78 ans, Josiane passe des heures sur l’ordi à gérer ses Sims. Elle est accro à leurs vies numériques. Parce qu’elles
N° 5
Les idées larges

Travaillons-nous toutes et tous gratuitement ?

Un documentaire deLaura Raim

Comme tous les journalistes, j’ai commencé par des stages non payés dans des rédactions qui tournaient avec 50% de stagiaires, et ça me paraissait normal. Jusqu’à ce que je découvre la notion de “travail gratuit”, dans le livre Travail gratuit : la nouvelle exploitation ? de Maud Simonet, sociologue au CNRS, spécialiste du bénévolat. 
Depuis, je vois du travail gratuit partout. Le stagiaire en entreprise, le blogueur et le bénévole aux Restos du Coeur travaillent tous sans être payés. Et quand je passe mes produits devant les caisses automatiques au supermarché, est-ce que je ne fais pas aussi gratuitement un travail de caissière ? Peut-on vraiment mettre dans la même catégorie ces différentes activités, sous prétexte qu’elles ne sont pas rémunérées ? Où commence le travail gratuit ? Travaillons-nous tous et toutes gratuitement ?
Un épisode des Idées Larges avec Maud Simonet, sociologue. 
Produit par Upian et ARTE France. 
En partenariat avec Madmoizelle et Philosophie magazine. 
Retrouvez l’émission originale sur Arte.tv et sur la chaîne YouTube d’ARTE. 
Références : 
- Maud Simonet, Travail gratuit : la nouvelle exploitation ? Textuel, 2018 
- Marie-Anne Dujarier, Trouble dans le travail, Puf, 2021 
- Danièle Kergoat, Division sexuelle du travail et rapports sociaux de sexe, in : Hirata H., Laborie F., Le Doaré H., Senotier D., Dictionnaire critique du féminisme, PUF, 2007
- Christine Delphy, L’Ennemi principal, Tome 1 et 2, Syllepse, 1997, 2001
- Silvia Federici, Point zéro: propagation de la révolution. Salaire ménager, reproduction sociale, combat féministe, Éditions iXe, Donnemarie, 2016
- Kylie Jarrett, The Digital Housewife, Routledge, 2015
- John Krinsky et Maud Simonet, Who cleans the park ?  University of Chicago Press, 2017 
Archives sonores : 
- Manifestation de femmes à Paris, Antenne 2 Le Journal de 20H, A2/France 2 (06/10/1979), INA
- La grève des femmes, JT 20H, RTF / ORTF, (09/06/1974), INA
- 3000 étudiants en grève à l'UQAR; les cours suspendus, (20/11/2018), TVA Nouvelles 
Musique Générique : 
« TRAHISON » Musique de Pascal Arbez-Nicolas © Delabel Editions, Artiste : VITALIC,
(P) 2005 Citizen Records under Different Recording licence ISRC : BEP010400190,
Avec l’aimable autorisation de [PIAS] et Delabel Editions. 

N° 14
Vivons heureux avant la fin du monde

Paresse business : petits livreurs et gros profits

Une création deDelphine Saltel

Les applications de "quick commerce" ont révolutionné les comportements du citadin moyen. Quelle est la recette miraculeuse ?