Épisode 13
Épisodes
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Épisode 1
Les poireux de M. FillonLes poireux de M. Fillon -
Épisode 2
Baisez utileBaisez utile -
Épisode 13
Sardines de campagneSardines de campagne -
Épisode 4
Les culottes de MarianeLes culottes de Mariane -
Épisode 5
Sardines de campagneSardines de campagne
« Il faut aimer les créatures, et les arbres »
Bookmakers #31 - L’auteur du mois : Pierre Michon
Né en 1945 dans un hameau de la Creuse, Pierre Michon se voit parfois comme « le dernier écrivain du XIXe siècle ». En 1984, il publie ses fameuses « Vies minuscules » aujourd’hui considéré comme un classique, départ d’une œuvre exigeante constituée d’une douzaine de livres brefs portés par son goût des histoires en costumes, où sont peints les malheurs de Van Gogh (« Vie de Joseph Roulin ») ou les « infimes effets » du génie de Rimbaud (« Rimbaud le fils »). Détail : parmi ses protagonistes, il y a toujours un Pierre, un Pierrot, un Piero, un Piotr – ou un Robes/Pierre, comme dans « Les Onze » (2009), récompensé du grand prix de l’Académie française.
Pierre Michon a longtemps cru aux muses qui, depuis l’Antiquité, soufflent aux artistes le vent de l’inspiration. Mais ces divinités furent capricieuses avec ce natif de la Creuse. Écrire l’a longtemps « épuisé ». À chaque fois, il a eu le sentiment de « jouer sa peau », terrorisé que son « don » puisse disparaître. « Le roi vient quand il veut », dit-il : c’est l’image-titre de son brillant recueil d’entretiens sur la littérature (Albin Michel, 2007), le roi personnifiant ici le talent ou plutôt « la Grâce ». Pour lui, l’écrivain⸱e qui bataille tous les jours avec ses personnages, qui s’arrache les cheveux à faire tenir un dialogue, « désacralise la relation à l’écriture », réduite à devenir « aussi ordinaire et triviale que dormir, se nourrir ou pisser ».
C’est contre cette idée que s’est construit ce podcast, pour lequel écrire est un artisanat discipliné, qu’il faut documenter, creuser. Il est donc savoureux de commencer cette cinquième saison de « Bookmakers » par une visite au cœur du Limousin, au domicile du maître, à une heure de Châteauroux. Une maladie respiratoire a bouleversé son rythme de travail, désormais plus serein. Du haut de ses 79 ans, le maître nous attend dans sa mansarde, espiègle sous ses atours de « dieu fatigué », un carnet noir à portée de main, son ordinateur cuivré sur les cuisses, bossant sur un mystérieux livre « d’amour ». Nos micros posés au pied de son lit parfumé à la menthe, il sera question, dans ce premier épisode, de la chaînette de Salammbô, d’un arbre qui pousse d’un ventre biblique ou d’un premier roman inachevé en forme de « space opéra mâtiné d’ethnologie » intitulé « Les Grands Dieux ». Dans le ciel et sur la terre, les muses s’amusent.
Bookmakers